Productions Écrites Cours d’Écriture 1ere année de Master Semestre 1 Le compte-rendu critique de lecture

发布者:薛晟发布时间:2020-03-08浏览次数:255


 

Avant-propos :

 

Le cours d’écriture pour les étudiants-chercheurs de 1ère année de Master est clairement orienté vers des objectifs universitaires visant la maîtrise des méthodes de types de productions spécifiques et d’une expression en français académique.

Une partie importante du cours et le projet de fin de semestre des étudiants étaient consacrés à l’écriture d’un compte-rendu critique de lecture, exercice prépondérant de la recherche académique et qui constitue souvent les premières publications pour les jeunes chercheurs.

Après un travail minutieux de préparation à partir d’exemples authentiques issus de sites spécialisés en sciences humaines et sociales (http://lectures.revues.org/; http://www.fabula.org/acta/), les étudiants devaient choisir une publication académique récente dans leur spécialité (ouvrage monographique ou collectif, numéro thématique de revue ou actes de colloque), la lire exhaustivement et en faire le compte-rendu critique (d’une longueur de 5000 à 10000 signes) en respectant la méthode, les normes et le style de ce type de production universitaire.

 

Plus bas vous trouverez quelques exemples des compte-rendu des étudiants.

 

 

 

Julien Guillemet

Lecteur de français, SISU, 2019-2020.

 


 

Compte-rendu de TU Yuhang

 

ANGELOFF Tania, LIEBER Marylène (dir), Chinoises au XXIe siècle. Ruptures et continuités, Paris, La Découverte, coll. « Recherches », 2012.

 

 

Chinoises au XXIesiècle est un livre collectif dirigé par Marylène Lieber et Tania Angeloff. La première est professeure et docteur en sociologie à l’Université de Genève. Spécialiste dans la sociologie du genre, Marylène Lieber a, depuis quelques décennies, centré des recherches[1] sur les traitements inégaux reçus par des femmes et elle est aussi appréciée par des ouvrages et des expertises publiés ces dernières années[2]. Tania Angeloff, sociologue et maître de conférence à l’université Paris-Dauphine, est membre de l’Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (IRISSO). Toutes les deux portent ont une conception personnelle et innovante sur la société chinoise contemporaine grâce à des expériences de recherche[3] ou d’enseignement sur ce terrain[4]. Ce livre pluridisciplinaire entend répondre aux anthropologues, démographes, historiens, sociologues et politologues qui réfléchissent aux mutations que connaît la société chinoise contemporaine en centrant leur analyse sur les rapports de genre. Du fait que les ouvrages sur les rapports de genre dans la Chine contemporaine, publiées en français, demeurent rares[5], les 12 auteurs qui s’intéressent tous à la Chine et aux questions de genre visent à éclairer de grands enjeux sociaux liés aux femmes chinoises auxquels s’affronte la Chine contemporaine.

L’ouvrage pourrait être divisé en 6 parties thématiques : démographie, travail, éducation, sexualité, famille et cinéma. La relation dialectique entre la tradition et la modernité y est omniprésente et le genre, autrement dit le rapport de sexe, constitue un élément crucial non seulement dans la compréhension de tous les rapports sociaux, mais aussi dans celle des continuités et des ruptures de la société chinoise contemporaine. Les avatars du statut des Chinoises dans le décor de l’achèvement des réformes économiques restent une question centrale tout au long du livre. Les défis à la sociologie du genre sont mis en avant après l’éclaircissement des mutations et du processus de la modernisation à la chinoise.

La première partie intitulée « Toujours moins de femmes en Chine ? » et proposée par Isabelle Attané précise les disparités entre les deux sexes dans une perspective démographique et historique. D’après les résultats provisoires et partiels du recensement et en comparant les données appropriées avec celles d’autres pays, l’auteur remarque que le déficit des femmes a des répercussions sur le plan social, personnel et sur les rapports sociaux de sexe. En effet, les hommes sombrent souvent dans un état de célibat, tandis que les femmes ont tendance à l’hypergamie. Par conséquent, toute la population se heurte au déclin du taux de naissance. Ce déficit de femmes est le résultat de la propension traditionnelle liée au système patriarcal chinois, des pratiques très répandues tel l’avortement sélectif et du manque de bonnes conditions médicales des femmes. Tout comme l’hypergamie n’assure nécessairement pas une amélioration des conditions des femmes, les politiques mises en œuvre par l’État non plus. Ce qui est sȗr pour l’auteur, c’est que le déficit de femmes ne manque pas de conditionner tous les aspects des rapports de sexe, par exemple, les rapports de pouvoir. Toutefois, les avancées des lois sur le mariage et l’éducation au cours de la modernisation ne changent pas la situation défavorisée des Chinoises. Reste à savoir si ce déséquilibre du nombre hommes-femmes fera modifier aux hommes leurs perceptions vis-à-vis des femmes, des discriminations sexuelles et des rapports de pouvoir entre sexes.

L’auteur Amandine Monteil propose un article intitulé « Éducation : la longue marche des Chinoises » autour du sujet de l’éducation. À partir des données et des renseignements recueillis dans des sites Internet chinois et des journaux en anglais, elle dévoile avant tout les disparités dans l’éducation subies par des femmes chinoises. En effet, les statistiques officielles qui rendent compte d’une quasi-égalité de la scolarisation entre les deux sexes masquent la non-scolarisation d’autres enfants, parmi lesquels ceux qui sont forcés de quitter l’école en avance ou à fréquenter les écoles non enregistrées. D’un point de vue historique et politique, cette partie indique des déséquilibres concrets dans le système d’éducation depuis le mouvement d’universalisation scolaire entamé dans les années 1950. La disparité mise en évidence sous forme de graphique varie en fonction des différents niveaux scolaires. Par exemple, l’auteur mentionne une forte représentation féminine dans les étudiants chinois à l’étranger au contraire du cas des universités en Chine. Une autre disparité se révèle par le taux de l’illettrisme plus élévé chez les femmes. C’est les hommes qui tirent davantage de profits des politiques visant à faire reculer l’illettrisme. Bien que la durée moyenne de la scolarité à l’échelle nationale ait augmenté, les femmes sont moins touchées que les hommes. L’auteur constate aussi que l’écart de genre sur la question d’illettrisme est moins patent lorsqu’il s’agit des générations plus jeunes. La catégorie sociale constitue un autre facteur qui peut influer sur la qualité d’éducation d’un enfant. Les enfants des migrants ruraux ont plus de difficultés que ceux des citadins d’origine à entrer dans des universités renommées et à profiter des bourses. L’instruction destinée aux femmes se développe avec une vitesse réduite jusqu’aux années 1970, mais la politique de l’enfant unique fait augmenter le taux de scolarité des filles. Des enquêtes menées par ses homologues ainsi que des entretiens de terrain tenus par elle-même, l’auteur conclut donc que le prolongement de la scolarité des filles dépend de nombreuses variables, entre autres, le soutien familial, la volonté personnelle et le marché de la main-d'œuvre. Si les possibilités variables fournies par le marché incitent les filles à acquérir une qualification professionnelle, l’apparition de certains secteurs qui ne demandent pas de qualification scolaire et rapportent bien, comme le service domestique, les attire et leur enlève l’envie d’avoir une formation supérieure.

La troisième partie construite par quatre articles aborde la question du travail des femmes chinoises depuis une trentaine d’années. Les quatre auteurs font une introduction sur les grandes ruptures dans le travail sous l’angle des rapports de genre. Tania Angeloff met en cause la pertinence du débat sur les impacts des réformes économiques, menées en Chine pendant les dernières trente années, sur le statut des femmes ainsi que les rapports de sexe. À travers une analyse détaillée sur l’évolution économique à partir de la période maoïste jusqu’aux années des réformes économiques, l’auteur éclaire le rôle joué par les femmes dans l’économie. Les femmes ont beaucoup lutté et fait beaucoup d’efforts pour s’approprier nouvel environnement économique. Certaines femmes sont sorties d’une situation difficile et ont connu du succès dans leur parcours professionnel grâce à l’homogamie sociale, à leur affiliation au Parti Communiste chinois ou au soutien familial. Malgré cela, il est vrai que les femmes sont passées d’une instrumentalisation par l’État et d’une forme de tutelle socialiste à une instrumentalisation par le marché. Les trois articles proposés par Judith Audin, Marylène Lieber et Li Shuang partagent la même idée que les femmes tendent à assumer des fonctions peu valorisées dans l’économie urbaine et l’usine du monde. L’article titré « “Dagongmei”, les petites mains de l’usine du monde » proposé par Marylène Lieber souligne la place du genre dans la nouvelle géographie de la production globalisée et l’importance de la division sexuelle internationale. À travers l’observation de l’aspect du secteur électronique en Chine, l’auteur note que la modernisation a recréé des stéréotypes de genre en défaveur des droits des travailleuses. Par défaut des informations actualisées, l’auteur trouve difficile de savoir si l’économie globalisée procure aux travailleuses chinoises de nouvelles pressions ou plutôt des opportunités d’une meilleure existence. L’auteur donne toutefois des exemples pour prouver que les migrantes sont les plus défavorisées dans ce processus de modernisation. Judith Audin s’intéresse aux origines du surnombre des employées dans les comités de résidents à Pékin. L’auteur adopte une approche pragmatique dans son projet de recherche, en s’appuyant sur des entretiens avec des employées qui travaillent dans 5 quartiers différents et interroge les ressources et les contraintes d’un gouvernement de la douceur. Elle note que ces employées peu valorisées et n’ayant pas de pouvoir réel de la part de l’autorité locale servent de médiatrice entre les pouvoirs publics et les habitants. De plus, l’existence et la prospérité des comités de résidents compte beaucoup dans le redéploiement de l’État chinois urbain. Li Shuang mentionne dans son article nommé « Employées domestiques : les implications de la hiérarchie urbain-rural » le clivage entre la ville et la campagne. Elle met l’accent sur la hiérarchie sociale révélée par ce clivage. Elle tire des conclusions des 131 entretiens menés auprès des employés domestiques et des références aux lois chinoises. Le service domestique de la Chine est dominé par des chômeuses urbaines et des femmes villageoises. Celles-ci se sentent souvent assez contentes de leur engagement dans ce secteur, tandis que celles-là expriment plutôt un désenchantement de leur travail. Le service domestique constitue un remède pour les licenciées d’origine urbaine mais aussi une ascension sociale pour les migrantes villageoises, les plus démunies dans la vie urbaine.

La quatrième partie s’ouvre autour de trois mots clés : mariage, intimité et sexualité. L’article qui porte le nom « Femmes chinoises et migration de mariage en Asie. Le cas des mariages arrangés sino-japonais » et rédigé par Hélène Le Bail donne des réponses aux questions liées au mariage transnational. L’article indique deux cas tout à fait différents. Certains émigrent pour se marier, les autres marient pour émigrer. Reste à savoir lequel prévaut dans cette tendance qu’est l’alliance transnationale. L’auteur souligne que toutes les femmes mariées et habitant chez la famille du mari ne sont pas satisfaites de leur vie conjugale. En effet, celles qui profitent d’une meilleure condition économique qu’avant le mariage ne reçoivent pas un traitement réellement juste de la part de la société d’accueil. En ce sens, une autonomie partielle gagnée par ces femmes ne représente pas une émancipation complète. Dans un autre article, Harriet Evans croit que l’intimité fondée sur la communication entre mères et filles ne peut qu’augmenter les devoirs, les responsabilités, la pression des femmes, au lieu de rendre les relations hommes-femmes plus égalitaires. Dans les deux articles suivants, Evelyne Micollier et Chen Mei-Hua mettent en lumière des inégalités de genre sous deux angles particuliers. La première se demande si des réagencements de normes et de valeurs en matière de sexualité peuvent changer les relations familiales. La réponse est évidemment négative. D’après l’auteur, la diversification des sexualités confirme le processus d’individualisation et la privatisation des espaces, mais les Chinois manquent de réflexion et d’esprit critique sur les inégalités de genre. Chen Mei-Hua lance son projet des recherches sur le tourisme sexuel des taïwanais en Chine continentale. À travers des entretiens avec des touristes taïwanais en Chine continentale et des observations ethnographiques, elle nous explique comment la transaction transnationale devient un lieu complexe de lutte qui croisent le genre et l’origine sociale et ethnique. Nous pouvons percer les tensions existante entre Taïwan et la Chine continentale, la sexualisation de la Chine par les taïwanais ainsi que la perception des taïwanais envers les Chinoises continentales.

Enfin, la dernière partie proposée par Zhou Xuelin examine la question du genre à travers le prisme d’une série des films produits depuis l’avènement de la nouvelle Chine. Malgré le changement des attitudes et des approches envers les femmes représentées dans les films en Chine au fur et à mesure de l’émancipation féminine, les chinoise, dans la réalité, n’ont pas une position élevée et continuent à se trouver dans une situation défavorable.

En conclusion, cet ouvrage riche d’information comble une lacune dans le domaine des études francophones sur les chinoises contemporaines. Par apport à d’autres ouvrages anglophones ou chinois traitant de la question de genre, entre autres, Women inChina's Long Twentieth Century, publié par Gail Hershatter en 2007[6] et qui fait une synthèse des travaux partiques sur la question d’existence des chinoises dans le cadre de la famille, du mariage, de la politique, du travail, du sexe et de la modernité, cet ouvrage structuré et thématique me semble faire un récit assez complet des rapports sociaux et surtout du rapport de sexe au sein d’une société en grande mutation. On pourrait ainsi dire qu’il constitue un outil précieux de recherche sur ce terrain prometteur. En adoptant des approches variées et des attitudes objectives, par exemple les entretiens de terrain, les auteurs me paraissent capables de nous amener à croire en leurs réflexions sur les conditions des femmes chinoises. Chaque chapitre du livre dispose d’une introduction et d’une conclusion qui nous permettent bien voir la logique de l’organisation et de l’idéologie du rédacteur.

Comme certains d’entre eux l’indiquent, l'analyse détaillée et comparative est compliquée par l'incomplétude des ensembles de données rendues publiques par l’État chinois. Les problématiques présentées par chaque auteur sont claires et riches, mais les réponses me semblent parfois équivoques du fait du recensement restreint dû aux facteurs humains et complexes. Les chercheurs ont un accès difficile à des terrains politiquement sensibles tel le tourisme sexuel, ce qui rend difficile l’évolution de certains projets de recherche. Toutefois, les auteurs mentionnent les limites de leurs résultats, la perspective positive et l’importance de faire des études plus approfondies sur les terrains concernés. Il s’agit là d’un appel ciblant les spécialistes du domaine à attacher une attention particulière sur les enjeux sociaux de la Chine, à travers le prisme de genre. Par ailleurs, tous les articles sont écrits dans un style accessible, ce qui favorise la diffusion de l’ouvrage au milieu des chercheurs débutants et la reconnaissance de ceux-ci.

 


Compte-rendu de HU Xiaowen

 

HUBERDEAU Philippe, La construction européenne est‑elle irréversible?, Paris, La documentation Française, coll. « Réflexeurope », 2017.

 

 


La construction européenne est-elle irréversible ?est un ouvrage monographique appartenant à la collection « Réflexeurope » qui, met en perspective les défis autour de l’Union européenne pour permettre aux étudiants et aux candidats aux concours administratifs de comprendre la politique européenne et ses enjeux. Le rédacteur de ce livre, Philippe Huberdeau, est conseiller des Affaires étrangères et administrateur à la Commission européenne. Ses connaissances accumulées de la carrière professionnelle sont appliquées dans la rédaction des ouvrages sur les relations internationales de l’Union européenne[7]et sur le fonctionnement interne des institutions européennes[8].

Ce livre se situe dans la politique européenne, où les recherches sur les défauts dans le système européen ont connu un essor après le Brexit. Cet ouvrage remet en cause l’irréversibilité de l’Union européenne en suivant son développement historique. Pour examiner soixante ans de construction européenne, l’auteur divise l’histoire en 2 périodes : 1951-1992 et 1992-présent, marquant respectivement l’irréversibilité et sa dilution. La théorie fonctionnaliste qui considère que l’intégration est poussée par un impératif, est appliquée pour expliquer la réussite initiale. Quant à la finalité aujourd’hui, l’auteur s’attache à comparer les modèles existants.

Cet ouvrage, adoptant un plan analytique, suit 3 mouvements. La première partie, composée de 3 chapitres, se penche sur l’émergence du doute vers le projet européen avec un aperçu du Brexit, qui interrompt brutalement l’intégration linéaire. Après une introduction sur le statu quo, le 2e mouvement comprenant 7 chapitres, consiste à examiner pourquoi se produit le doute à l’égard de l’irréversibilité du projet européen avec un regard historique : malgré les progrès obtenus de 1951 à 1991 dans l’intégration européenne, l’hétérogénéité des États membres au cours de l’élargissement pose des défis pour l’efficacité de l’Union européenne. À la fin, 3 chapitres sont consacrés à répondre aux questions suivantes : quel serait le modèle envisageable de la relation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni ? Quel rôle le couple franco-allemand joue-t-il dans le cadre des Vingt-Sept ?

Les 3 premiers chapitres s’ouvrent sur une introduction du Brexit. En citant la théorie fonctionnaliste, l’auteur conduit une analyse sur la motivation de l’intégration européenne. Plus précisément, les pays européens se sont réunis par des « nécessités économiques et technologiques » (p. 13) et l’intégration poussée par les intérêts communs a résulté à une « solidarité de fait » dans l’Union européenne (chapitre 1). Ensuite, Huberdeau explore l’ambivalence de Londres à l’égard du projet européen en proposant une mise en perspective historique de son adhésion. Attiré par le Marché commun et l’économie d’échelle, le Royaume-Uni considérait les Communautés européennes comme une solution pendant la crise économique, mais quant à l’atteinte de sa souveraineté, ce pays a gardé une réticence, révélatrice de l’euroscepticisme. Dans le chapitre 3, l’auteur, comparant la sortie du Royaume-Uni à un « cygne noir » (p. 36), présente les risques du Brexit tels que le bouleversement du contexte politique, l’incertitude de la zone euro et la difficulté de coordination dans l’espace Schengen au cours de la crise des réfugiés.

Bien que la 2e partie soit intitulée « quarante ans de progrès (1951-1991) », le développement de l’intégration européenne a vécu pourtant des obstacles, ce qui est expliqué dans le chapitre 4. Avec l’exemple de la crise de la « chaise vide » et de la crise économique dans les années 1970, l’auteur s’attache à démontrer les entraves dans le domaine institutionnel, monétaire et budgétaire. La méthode Monnet, s’est avérée incapable de garantir une même voix quand il s’agissait des « intérêts très importants » (p. 50) de certains États membres. Ainsi, dans sa dilution a émergé une Europe à géométrie variable, qui a permis à une partie des États membres d’initier des coopérations comme le traité de Schengen et les politiques de défense (chapitre 5). Ensuite, dans les 2 chapitres suivants, l’auteur suggère les raisons internes et externes du progrès. Huberdeau mobilise la théorie de l’effet cliquet selon laquelle la libre circulation a introduit un schéma de production interne de sorte qu’un retour en arrière serait très coûteux. Du côté externe, l’Europe s’est manifestée comme défenseur de la démocratie, constituant une partie de son soft-power.

Suivant l’ordre chronologique, cet ouvrage considère la chute de l’Union soviétique en 1992 comme un point tourant du progrès à la désorientation. D’après l’auteur, après la disparition de la menace soviétique, la construction européenne a connu un ralentissement, avec ses États membres jouissant des dividendes de la paix. L’élargissement à l’Est, note Huberdeau dans le chapitre 9, a également posé des défis : les nouveaux membres communistes avaient du mal à s’adapter à la valeur de l’Union européenne alors que les « grands » pays, à accepter la proportion diluée dans la donne institutionnelle. Malgré la mise en œuvre de l’euro considéré comme le point final de la construction européenne, l’auteur revient sur les défauts de la monnaie unique en expliquant l’instabilité monétaire et bancaire dans une situation hétérogène avec la théorie des « déficits jumeaux » (chapitre 10). Du côté juridique, les traités ne sont pas arrivés à construire une Europe de citoyens parce que les révisions, concentrant sur les aspects institutionnels, n’ont apporté aucun élan nouveau et rendu les traités « incolores, inodores et insipides » (p. 97). En outre, les autres facteurs tels que le chômage de masse et le monopole d’initiative de la Commission ont davantage contribué à l’érosion du goodwill européen et à un repli national.

Après ce parcours historique sur l’édifice européen, la dernière partie se concentre logiquement sur sa finalité aujourd’hui. Dans cette partie, la comparaison du modèle norvégien, turc, suisse et canadien montre qu’aucun modèle existant ne se conforme au slogan anglais « take back control », d’où l’obscurité du rôle anglais dans l’Union européenne après sa sortie. Sauf l’incertitude de la relation bilatérale, le cadre institutionnel existant doté de la faiblesse de sa légitimité politique et de ses moyens financiers, note l’auteur, apparaît indifférent et impuissant face à la structure inédite composée des Vingt-Sept et au repli identitaire dans le cadre national. Pour éviter ce péril, l’auteur cite la résolution Schäuble-Lamers (p. 146) et le projet « Europa » (p. 149) pour proposer un développement européen basé sur un « noyau dur » au lieu de l’être sur la méthode communautaire. Plus précisément, il faut que le couple franco-allemand joue un rôle central dans la refondation de la construction européenne.

Cet ouvrage répond à la question « la construction européenne est-elle irréversible ? » en adoptant un regard chronologique. Après la seconde guerre mondiale, le projet européen, faisant figure d’utopie, est avancé par une conjonction historique d’impératifs externes et internes et à cette époque-là, la construction se développe irréversiblement. La fin de la guerre froide a atténué la nécessité de se réunir et l’élargissement à l’Est a accentué l’hétérogénéité dans l’Union européenne, l’émergence du repli national et les difficultés pour avancer d’un même pas. Cette période marque un ébranlement de l’irréversibilité de l’édifice européen et ensuite, la sortie du Royaume-Uni constitue un coup d’arrêt du développement irréversible. Bien que ce divorce soit conforme aux traités et à la volonté du peuple anglais, l’union européenne est obligée de planifier son avenir à partir d’une page blanche. Afin d’éviter tout retour en arrière et de plus, de pousser davantage l’intégration européenne, il faut, selon l’auteur, que l’Union européenne mobilise les forces centripètes à l’aide du couple franco-allemand.

Il apparaît que ce livre offre un confort de lecture parce que l’auteur n’a pas utilisé beaucoup de termes techniques et pour les termes incontournables, il les a expliqués pleinement en les contextualisant. Ce livre explore une dimension originale en basant l’avenir de l’Union européenne sur son itinéraire du passé. Ce décalage chronologique permet à l’auteur d’mener ses analyses avec les événements historiques, ce qui facilite la compréhension. En revanche, après la lecture, on pourra regretter que l’auteur n’épuise pas les théories sur la motivation de la construction européenne. Avec tant de théories sur l’intégration européenne[9], l’auteur, malheureusement, développe seulement la théorie fonctionnaliste. En effet, la théorie intergouvernementaliste, née en 1966, est le principal rival du courant fonctionnaliste. Le fonctionnalisme met l’accent sur l’impératif hors de l’État alors que l’intergouvernementalisme aborde la volonté de l’État dans l’intégration. D’après les intergouvernementalistes, l’intégration européenne résulte des choix rationaux des États membres, qui, face à l’impuissance des coopérations bilatérales, se mobilise dans les relations multilatérales[10]. Ce livre devrait développer plus l’opposition entre les courants pour expliquer la motivation de la construction européenne.

 


Compte-rendu de YU Wenjing

 

BÉDOURET-LARRABURU, Sandrine, PRIGNITZ, Gisèle (dir.), En quoi Saussure peut-il nous aider à penser la littérature ?, Pau, Presses Universitaires de Pau et des pays de l’Adour, coll. « Linguiste et littérature », 2012.

 

 


La collection « linguiste et littérature » aux PUPPA[11] fait partie d’un projet à long terme inauguré par l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (l’UPPA), dont l’objet est de relire les concepts des grands linguistes et d’évaluer leurs rapports avec la littérature. Pour le moment, trois volumes ont vu le jour. Chacun est consacré à un grand linguiste, soit Saussure (volume I), Émile Benveniste (volume II)[12] et Antoine Culioli (volume III)[13]. Les travaux du volume IV sur Jakobson est en cours[14]. Chaque volume réunit les actes d’un colloque à l’UPPA, celui qui s’est déroulé les 4 et 5 mars 2011 constituele premier volume que l’on traite ici. C’est le premier et le seul colloque qui examine les rapports entre les théories saussuriennes et la littérature.

La directrice de cette collection est Sandrine Bédouret-Larraburu, maître de conférence à l’UPPA qui coordonne un séminaire de poésie contemporaine au CRPHL[15]à son université. Elle est spécialiste[16] sur la poétique, ainsi, elle s'interroge particulièrement sur les interactions entre linguistique et littérature. De plus, elle fait partie du Comité scientifique du projet « Polart[17] » qui vise à construire une poétique de l’art, en interrogeant, du point de vue du langage, leur rapport à l’art et à la littérature. Les membres de « Polart » présupposent le primat du langage et questionnent son statut dans les sciences humaines. Cinq contributeurs de l’ouvrage en sont membres. La seconde coordinatrice de l’édition des actes, Gisèle Prignitz,  qui est aussi maître de conférence à l’UPPA, a beaucoup d’expérience en tant que l’éditeur scientifique[18] dans différents domaines, au cours de la lecture des actes, on sent peu sa présence.

Le style de cet ouvrage est souvent académique en raison de sa nature. Il vise un public de spécialistes, ainsi, il nécessite une base de connaissance surla linguistique saussurienne pour comprendre tous les points de vue. Cependant, les jeunes chercheurs peuvent aussi saisir les idées principales de chaque contributeur sans avoir besoin de comprendre toutes les exemples présentés.

À part un article éditorial de Sandrine Bédouret-Larraburu, ce volume réunit dix textes et les regroupe en 3 catégories : « Point de vue du linguiste sur littérature », « À partir d’une poétique saussurienne » et « De Saussure vers la littérature ».

Dans l’éditorial intitulé « Littérature et linguistique : quelle place pour Saussure ? » (p.17-31), Sandrine Bédouret-Larraburu aborde la question du « sentiment de perte de la littérature » (p.21) depuis les travaux de Saussure. En effet, par sa nature scientifique, la linguistique moderne s’oppose à la philologie et reconnaît que la littérature n’est qu’une « notion fuyante » (p.19). En conséquence, la rupture entre l’étude de la grammaire et de la littérature « ouvre la voie à la poétique » (p.19). Henri Meschonic partage ces opinions en disant : « Saussure invente les conditions de la poétique »[19]. Bédouret-Larraburu argumente aussi que même si Saussure se tient à distance de la littérature, il s’y intéresse en tant que corpus. Saussure s’interroge sur le sémantisme de l’anagramme pensé comme objet littéraire et il examine également la place du lecteur. Finalement, Bédouret-Larraburu souligne l’idée de la littérature posée comme « monument » (p.26) dans la perspective de l’histoire. Elle considère que la littérature est un état de langue qui a « un fonctionnement particulier en tant que force vive » (p.28) et qui mérite d’être étudiée par les linguistes contemporains.

La première partie s’ouvre sur les pensées littéraires dans les textes saussuriens. Le travail sur les anagrammes et les récits de légendes révèlent l’intérêt de Saussure sur la littérature. Dans l’article intitulé « De la lettre à la littérature : un trajet saussurien », Michel Arrivé suggère que la littérature pour Saussure est liée intimement à la « lettre », en réfléchissant sur la question de l’écriture. Néanmoins, Michel Arrivé ne définit pas la notion de littérarité lorsqu’il l’utilise. D’où la divergence qui se révèle entre Michel Arrivé et Gérard Dessons. Gérard Dessons souligne d’abord le caractère « intrigant » (p.52) de l’expression « un point de vue proprement littéraire » dans les Écrits de Saussure. Il considère en effet qu’il y a une « absence de toute définition positive » (p.53) du « littéraire » chez Saussure. Enfin, ayant recours à la pratique de Saussure sur les Cahiers d’anagrammes, il prolonge sa réflexion et développe ce qui constitue « un point de vue proprement littéraire », c’est « la mise au jour de la signifiance interne à l’œuvre » (p.57). Finalement, Pierre-Yves Testenoire examine la « littérature orale » à partir de la lecture des recherches sur les légendes.

Ensuite, la deuxième partie met en perspective les bases posées par Saussure pour construire une poétique. Francis Gandon analyse les travaux de Saussure sur les vers saturniens. Gandon conclut que l’écriture est considérée comme « une tache aveugle » (p.82), mais qu’il n’y a aucune raison de s’interdire d’articuler linguistique et littérature. Les articles de Jaeryong Cho et Serge Martin s’appuient tous les deux sur les théories de Meschonnic. Jaeryong Cho situe Saussure en tant que fondateur de la poétique du traduire. Selon eux, les élaborations par Benveniste et par Meschonnic qui valorisent les théories de traduction sont toutes fondées sur les travaux de Saussure. Serge Martin rappelle quant à lui la continuité entre Saussure et Meschonnic sur la fondation d’une anthropologie du langage. L’article de Daniel Delas (« la pensée saussurienne et la génétique des textes littéraires ») est un peu particulier. Le titre nous indique déjà son ancrage : la génétique textuelle. Delasremarqueune affirmation de Saussure du principe de continuité, cela permet aux linguistes d’analyser les textes littéraires sous « la dimension historique du langage » (p.100).

Finalement, la dernière partie tente de répondre à la question : comment Saussure peut-il investir le champ de la littérature contemporaine ? Chloé Laplantine revient sur le cours de versification française de Saussure. L’auteur s’attache à démontrer que Saussure n’apprécie pas « le côté pittoresque » d’une langue, mais « le côté presque ethnographique » (p.149), ainsi, il contribue à l’étude de la langue dans une vision historique. Laurent Mourey explore les points de vue croisés entre la théorie saussurienne et la poétique mallarméenne. Enfin Jean-Gérard Lapacherie conclut cette partie en proposant une précaution pour les perspectives actuelles des critiques de la littérature. Il montre que la littérature contemporaine a son « moment linguistique » (p.176), mais il nous avertit que ce qui constitue la littérarité des textes, ce n’est pas seulement la langue, mais « l’ambition de faire partager aux lecteurs cette expérience, à la fois singulière et universelle » (p.184). Autrement dit, ce qui compte, c’est l’esprit à travers les textes qui rayonne les hommes tout au long de l’histoire humaine.

L’ouvrage cherche à relire les concepts et les notions saussuriennes afin de mieux comprendre les relations entre la linguistique et la littérature. Les conflits lors de l’apparence de la linguistique saussurienne remettent en cause la définition et la place de la littérature. De ce fait, un bilan de l’origine et des développements de ces conflits s’impose pour réaffirmer la nature de la littérature. L’objectif de ce premier volume est significatif et il mérite notre respect. Néanmoins, vu la complexité des théories saussuriennes et le manque de manuscrits de Saussure, les interprétations d’aujourd’hui ne sont que des conjectures. Certes, les contributeurs du colloque s’efforcent de nous en partager les résultats les plus récents dans l’investigation des relations des deux disciplines, mais ils ne parviennent quand même pas à tout clarifier. Le problème primordial est souligné par Sémir Badir dans son compte rendu de cet ouvrage intitulé « Qu’est-ce que la littérature »[20], Badir perçoit que « les contributeurs convoquent les travaux à partir de points de vue très différents », en effet, certains d’entre eux sont linguistes qui « enquêtent sur l’intérêt que Saussure a pu avoir pour les matières littéraires », d’autres sont théoriciens de la littérature qui « cherchent une confirmation de leurs propres idées ». Ainsi, l’ouvrage nous liste plutôt des fils de pensées au lieu de donner des réponses absolues. Autrement dit, la question que pose le titre est tellement ambitieuse qu’elle ne peut pas être répondue en une dizaine d’articles académiques par les chercheurs. De plus, on pourra contester que parmi les onze contributeurs dans ce colloque, cinq auteurs font partie d’un même projet « Polart ». Par conséquent, certains auteurs partagent des idées similaires lorsqu’ils analysent les théories de Meschonnic, ce qui pourrait nuire à la diversité des résultats. Mais de toute façon, nous devons bien apprécier les grands efforts des contributeurs qui présentent chacun leur recherche en toute rigueur avec les ressources bibliographiques très riches. Leurs travaux explicitent globalement l’état de la recherche dans le champ littéraire et saussurienne. Ils permettent de combler la lacune de juger les critiques sur les théories fondamentales, tel est aussi une des missions principales du projet « Polart »


 

Compte-rendu de SHEN Tiantian

 

MARTINEZ Pierre, La didactique des langues étrangères, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 8ème édition mise à jour, 2017 [1ère édition en 1996].

 

 

 


La didactique des langues étrangères est un livre monographique écrit par Pierre Martinez. Professeur émérite à l’Université Paris-VIII où il a dirigé l’UFR de sciences du langage et didactique des langues, Pierre Martinez est spécialiste de la sociolinguistique et de la didactique des langues.[21] Cet ouvrage publié dans la collection « Que sais-je? »,  constamment réédité depuis 1996, consititue une initiation à la didactique des langues étrangères et une synthèse claire de ce champ disciplinaire, ce qui fait de lui un auteur très diffusé dans sa spécialité auprès d’un grand public.

L’expression « Didactique des Langues Étrangères (DLE) » a succédé au milieu des années 1970 à l’ancienne dénomination « Pédagogie des Langues ».[22] La fusion entre la pédagogie et d’autres disciplines scientifiques, telles que la linguistique, la psychologie, la sociologie, les sciences cognitives, la technologie et l’ethnographie, éclaire le champ de la didactique des langues étrangères. L’institutionnalisation universitaire de la didactique du français langue étrangère dans les années 1980 et la multiplication des recherches liées à l’enseignement/apprentissage des langues étrangères montrent à l’évidence quela DLE s’achemine vers une autonomisation et une légitimation disciplinaire en France.[23] Cet ouvrage synthétique est paru en 1996 au moment où la DLE était en plein essor et a acquéri de la maturité.[24] Outre l’introduction et la conclusion générales, ce livre bien structuré se compose en quatre chapitres, dans lesquels Pierre Martinez s’attache à clarifier de manière systématique et critique les problématiques dans l’enseignement des langues étrangères, les méthodologies, les questions et les perspectives en DLE.

Le premier chapitre intitulé « La problématique de l’enseignement » est divisé en huit sous-parties qui mettent en perspective successivement les disciplines et les théories croisées avec l’enseignement des langues étrangères : la communication, les théories du langage, la linguistique générale et appliquée, par le biais desquelles l’auteur arrive enfin à interpréter les deux notions « enseigner et apprendre » dans la DLE, et à décrire la scène de la communication didactique. L’enseignement des langues étrangères est ici examiné comme « une forme d’échange communicationnel qui met en contact des systèmes linguistiques et les variables de la situation qui touchent tant à la psychologie de l’individu parlant qu’à un fonctionnement social » (p. 9). À l’appui de trois modélisations, soit le schéma de Roman Jakobson, les théories de l’information et l’ethnographie de la communication, Pierre Martinez nous propose une vision intégrative de la communication au sein de l’enseignement/apprentissage des langues étrangères. Selon lui, une solide étude de la communication, appuyée par des données externes sur l’apprenant et sur le milieu est un préalable à l’élaboration d’une didactique, d’où son modèle panoramique de la communication en classe de langue.

Dans le deuxième chapitre titré « Les méthodologies », en considérant la diversité, voire la confusion des démarches dans l’élaboration des manuels et des méthodes en DLE, l’auteur se voit dans l’obligation de brosser un tableau des méthodologies dominantes en DLE, mais pas forcément selon l’ordre chronologique. En analysant les origines tant sur le plan social ou politique que sur le plan théorique, les  traits caractéristiques, les priorités, ou même les raisons d’affaiblissement de chaque méthodologie, l’auteur est convaincu que les méthodologies évoluent avec les nouveaux environnements idéologiques et technologiques et y puisent la sagesse pour s’adapter aux nécessités de l’enseignement des langues et que « chaque méthodologie est un produit non biodégradable qui laisse toujours des traces »[25] ( p. 69).

En plus de toutes les méthodologies évoquées ci-dessus, l’auteur consacre tout le troisième chapitre à faire une analyse approfondie sur l’approche communicative qui domine l’enseignement des langues étrangères depuis l’année 1980[26] et occupe toujours une place importante dans le paysage de l’enseignement, même si « son importance est relativement affaiblie par d’autres méthodologies développées ultérieurement » (p. 70). L’émergence de l’approche communicative « procède d’une demande institutionnelle et politique européenne du début des années 1970 » (p.70) et « s’inspire notamment des travaux de Hymes, correspond tout particulièrement à la vision de l’apprentissage basée sur le sens et le contexte. »[27] En découpant la langue non en structures grammaticales, mais en une liste de notions et de fonctions définies selon des besoins venus de la réalité sociale, l’approche communicative donne désormais la priorité à l’acquisition d’une compétence de communication, soit savoir communiquer en fonction du contexte social. Cependant les lacunes qu’elle révèle, telles que l’ignorance de l’enseignant, l’absence de la langue écrite et de la grammaire et l’incompatibilité au milieu scolaire, sont inévitablement devenues la cible des critiques des didacticiens[28]. L’auteur est persuadé que l’approche communicative n’aura plus de fiabilité dans l’application s’il n’y a pas l’autonomie réelle de l’apprenant ni la prise en considération du ancrage culturel des compétences communicatives. Néanmoins, elle donne naissance au CECRL (Cadre européen commun de référence pour les langues) en 2001 adapté particulièrement au monde occidental puisqu’elle correspond parfaitement à la volonté initiale du Conseil de l’Europe de faciliter la mobilité des hommes et leur intégration dans des sociétés d’accueil. Malgré tout, vu l’écart des contextes culturels, des systèmes éducatifs et de la culture d’enseignement entre différents pays, l’auteur arrive à la conclusion que l’approche communicative est loin d’être la didactique universelle des langues étrangères permettant « les simples transferts méthodologiques» (p.84).

Dans le dernier chapitre intitulé « Questions et perspectives », l’auteur aborde quelques questions importantes en DLE allant de « L’organisation d’un enseignement », jusqu’aux questions plus concrètes telles que « l’Oral », « la Grammaire », « l’Écrit », « l’Évaluation », « la Culture et civilisation » dans la didactique des langues étrangères. En présentant deux schémas de travail établis au sein de la notion de curriculum[29], l’auteur affirme que la mise en œuvre didactique dépend de tous les partenaires et non des seuls concepteurs (p. 90). À part tous ces questions en matière de gestion de l’apprentissage, ce qui compte aussi en DLE selon l’auteur, c’est l’influence que la politique linguistique engendre sur l’enseignement des langues étrangères tant sur le plan interne que sur le plan externe, malgré son impuissance face à l’élaboration d’une conception claire en traitant certains sujets comme les dispositifs d’action de diffusion, la question de plurilinguisme et la mise en place d’un enseignement précoce. Comparée avec l’édition précédente, l’auteur a ajouté une nouvelle sous-partie intitulée « Des TICE aux NBIC » dans le but de montrer ce que les technoscientifiques peuvent présenter pour ce domaine. Le livre débouche sur les enjeux actuels et les thématiques de recherche en DLE tout en mettant en relief la mutation inéluctable qu’annoncent les NBIC (nanotechnologie, biotechnologie, informatique, et sciences cognitives).

Dans son ensemble, la Didactique des langues étrangères nous fournit un panorama sur la problématique, les méthodologies, ainsi que les questions et les perspectives d’une discipline acquérant son autonomie dans les années 1980. La structure de cet ouvrage est bien organisée grâce à la division explicite des chapitres en différentes parties et sous-parties, ce qui facilitera surtout la lecture pour les débutants de ce domaine. Comparée avec l’édition précédente de 2014, la dernière édition manifeste plus d’actualité et de larges modifications : la notion de culture par rapport à celle de civilisation dans l’enseignement des civilisations étrangères, le plurilinguisme et les NBIC. De plus, nous avons apprécié sa précision en ce qui concerne la définition des mots comme « pédagogie » et « didactique », « langue maternelle », « langue seconde » et « langue étrangère» avant de s’en servir. Cependant, on pourrait regretter que des sujets évoqués dans cet ouvrage ne soient pas suffisamment exploités par l’auteur, par exemple, l’influence de la distance typologique entre langue cible et langue source sur les stratégies d’enseignement-apprentissage.[30] De toute façon, ce livre englobe encore aujourd’hui d’une manière cohérente les principales dimensions et perspectives de cette discipline en constante restructuration.[31]

 

 

 


Compte-rendu de HU Yitong

 

YAO Xiaoping, Apprendre à faire la recherche linguistique, Beijing, Presse de l’Université de Beijing, 2013.

 


 

Yao Xiaoping a fait publier en 2013 un ouvrage sur la recherche linguistique au profit des chercheurs débutants ainsi que tous ceux qui s’intéressent à cette discipline. Professeur de l’Université des Études internationales de Beijing, il dirige également la rédaction de plusieurs revues[32]dans ce domaine. Son talent et sa compétence en matière de l’histoire des sciences du langage et de la linguistique générale sont connus de tous, comme en témoignent ses nombreux ouvrages[33].

Apprendre à faire la recherche linguistique, ayant pour objectif principal de servir de manuel de base pour les chercheurs au début de leur recherche de la linguistique générale, est construit de manière efficace en deux parties. La première, composée des quatre premiers chapitres, s’attache à démontrer la définition et les problèmes fondamentaux à l’intérieur de la linguistique, c’est-à-dire la confirmation de son statut comme une science. La seconde, structurée en deux chapitres, porte principalement sur la manière adéquate et scientifique pour faire de la recherche en nous donnant plusieurs exemples et conseils à suivre. En tant que spécialiste des sciences du langage, l’auteur adopte un style académique mais très clair, ce qui rend le livre facile et agréable à lire, même pour les personnes nayant pas beaucoup de connaissances sur cette discipline.   

Le premier chapitre se penche sur la question clef à l’intérieur de cette discipline. Il s’agit de la nature et de la définition de la linguistique qu’il explique ainsi : « science aussi vieille que la philosophie, la linguistique exige une définition adéquate avant d’être l’objet de nombreuses recherches en vue d’établir son propre statut dans le monde scientifique »[34](p.3). De ce fait, à travers une analyse comparative de la différence remarquable entre la linguistique orientale et occidentale et celle de leur développement respectif au cours de plus de deux mille ans, l’auteur met en perspective que la langue, à la fois objet et manière de l’étude, avec son caractère tant culturel que biologique, fait de cette discipline non seulement une croisée entre la science naturelle et la science humaine, mais aussi une croisée entre la science pilote grâce à l’emprunt fréquent par de nombreuses disciplines de ses terminologie et théorie, et la science de pirate à cause de l’utilisation de certaines méthodes venant de d’autres sciences.

Après cette définition assez convenable qui indique précisément la place particulière de la linguistique dans le monde scientifique, l’auteur consacre le deuxième chapitre à la discussion de la place d’un chercheur envers la linguistique. Il choisit et présente de manière prudente quelques phénomènes qui exigent notre attention dans les sous-domaines tels que la lexicologie et la typologie. En analysant des exemples issus du Dictionnaire des mots homéogènesde chinois de Wang Li, il souligne que la fausse motivation des mots, c’est-à-dire le lien établi par les hommes entre le signifiant et le signifié, est tellement intégrée dans le système sémantique, que les chercheurs doivent adopter une attitude observationnelle et non pas introspective envers la forme des langues.

Naturellement, l’auteur poursuit son raisonnement par une analyse de la méthode générale dans le troisième chapitre. En premier lieu, il fait la comparaison entre la méthode positive de l’antiquité et celle d’aujourd’hui en Chine, estimant qu’un accent est mis sur le système synchronique de la langue et que les recherches d’aujourd’hui favorisent un double regard de l’intérieur et de l’extérieur de ce système. En second lieu, l’auteur décrit et développe  la théorie de la distribution et celle de l’ACI[35], nous indiquant ainsi la notion que la langue est un système particulier de règles.

Dans le quatrième chapitre, l’auteur traite de la nouvelle leçon tirée de quatre grands ouvrages[36] de la linguistique générale. Il présente et fait une critique de ces ouvrages, et puis argumente nettement que la base philosophique différente a joué un rôle primordial dans la formation de toutes les théories mentionnées. À travers une comparaison entre la réception en Chine de la version originale et la version traduite du cours de linguistique générale, on constate que la qualité et le style de la traduction exercent une influence assez grande sur le développement de cette discipline. Donc, l’auteur insiste également sur la compétence et la performance de langue des chercheurs.

Le cinquième chapitre s’ouvre sur trois exemples de recherches linguistiques. D’abord, l’auteur mobilise les travaux de Zhu Dexi[37] en vue de montrer les liens correspondants entre la structure grammaticale et la signification dans un contexte donné par une démarche transformationnelle. En outre, il procède à un raisonnement déductif à partir de documents historiques afin de mettre en évidence le développement et le changement du champs lexical de la couleur en Chine. Enfin, il parle de l’expérimentation faite par Yang Zhaochun[38] qui s’attache à démontrer l’influence de la structure de la langue sur la structure cognitive. Ainsi, l’auteur évalue l’importance majeure de prendre du recul avec les résultats d’une expérimentation parce qu’ils risquent de déboucher sur un phénomène de la langue plus abstrait et plus complexe que l’on imagine.

Le dernier chapitre porte sur une réflexion de la méthodologie des recherches linguistiques. L’auteur prend une fois encore l’étude concernant le développement et le changement du champs lexical de la couleur. Il analyse et compare de manière soigneuse les recherches réalisées par les deux sociologues américains Berlin et Kay[39] et celles de lui-même. La différence de lieu et de temps n’empêchent pas une bonne compréhension et réflexion, pusique leurs recherches sont encore fréquemment citées dans les ouvrages chinois qui mettent en question les mots de couleur. L’auteur nous indique enfin que la priorité doit être donnée à une logique serrée et une expression correcte, notamment quand les langues en discussion sont des langues isolantes comme le chinois.

Au total il apparaît que ce livre constitue un manuel de base convenable et bien particulier parce que l’auteur essaie d’expliquer des théories compliquées par des exemples simples et ordinaires. Il offre aux chercheurs débutants en Chine un nouveau regard sur la linguistique puisque l’auteur s’attache à guider les novices au sein de cette discipline en soulignant la méthodologie spécifique, c’est-à-dire à partir d’une science croisée. On soulignera également qu’il compose ses argumentations de manière simple et claire et choisit soigneusement une terminologie accessible par le grand public, ce qui rend cet ouvrage assez facile à comprendre. Par exemple, quand il explique le programme de grammaire de Sapir[40], il compare les six moyens mentionnés avec l’apprentissage en anglais des élèves chinois. Comme on l’a déjà constaté, la foison d’exemples concrets attribue aux théories de la linguistique bien abstraites un caractère plus concret, diminuant ainsi la distance entre la discipline et les lecteurs. Pourtant, on pourra lui reprocher, dans une certaine mesure, une explication trop directe et superficielle. Par exemple, en ce qui concerne la linguistique cognitive, il parle seulement quelques notions simples de la psychologie cognitive mais non pas du lien de ces deux sciences ou du résultat de cette rencontre, c’est-à-dire l’analyse profonde de l’utilisation de la métaphore dans la langue parlée.Cela poserait peut-être un problème pour les chercheurs débutants puisque c’est essentiel d’avoir une conscience lucide de la complexité des langages. De plus, l’argumentation de lauteur aurait permis d’éclairer les lecteurs vers une voie ouverte puisque l’on ne peut pas donner à de nombreux phénomènes ou théories de la linguistique une conclusion fixe. Cependant, dans son ouvrage, l’auteur fait preuve d’attitudes un peu trop subjectives et arbitraires, notamment sur l’origine de la langue parce qu’il est convaincu que le travail est la meilleure réponse à cette question. On regrettera enfin que des explications plus concrètes sur les sous-disciplines, qui pourraient conforter la compréhension des lecteurs, soient absentes du livre. Par exemple, quand l’auteur nous explique les notions basiques de la linguistique, il ne parle pas beaucoup du phonème qui reste un concept primordial de la phonologie. Néanmoins, dans l’ensemble, il me semble que cet ouvrage contribue à la vulgarisation de la discipline et constitue un manuel indispensable pour les chercheurs débutants, notamment par rapport à Linguistics: A Course Book de Hu Zhuanglin qui se caractérise par un vocabulaire peu accessible et une explication trop abstraite.

 

 



[1]Voir les projets de recherche terminés par Marylène Lieber : https://www.unige.ch/etudes-genre/fr/equipe/marylenelieber/recherches/.

[2] Marylène Lieber, Genre, violences et espaces publics, Paris, Sciences Po, 2008 ; compte rendu deFrédérique Giraud pour Lectures : https://journals.openedition.org/lectures/694.

[3] Voir le projet de recherche mené par Tania Angeloff : Journaux intimes et correspondances conjugales : le récit de soi sous Mao (en collaboration avec TANG Xiaojing, Huashida, Shanghai).

[4] Voir les expériences d’enseignement de Marylène Lieber : https://www.unige.ch/etudes-genre/fr/equipe/marylenelieber/enseignements/

[5] Dan Zhang, « Les biais de genre dans l’enseignement en Chine : la focalisation différenciée des enseignants et ses conséquences sociales dans des écoles primaires à Shanghai », Les Cahiers d'Outre-Mer, n° 276, 2017, p. 77-96.

[6] Gail Hershatter, Women inChina's Long Twentieth Century, Berkeley, University of California Press, 2007, disponible en ligne: https://escholarship.org/uc/item/12h450zf.

[7] SAURON, Jean-Luc (dir.), Comprendre l’Union européenne, Paris, La documentation Française, coll. « Formation Administration Concours », 2016

[8]https://www.diploweb.com/Le-risque-d-une-repetition-du-Brexit-dans-un-autre-Etat-membre-de-l-UE-est-il-vraiment-ecarte.html

[9] BÉLANGER, Marie-Ève, Fondements théoriques et origines de l’Union européenne : la récursivité de l’élargissement comme principe ordonnateur du modèle communautaire, Thèse de doctorat en Philosophie en sciences politiques, Université d’Ottawa, École d’études politiques, 2014

[10] MORAVCSIK, Andrew, The choice for Europe : social purpose and state power from Messina to Maastricht, New York, Ithaca (N.Y.) : Cornell University Press, 1998

[11]Presses de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour

[12] Bédouret-Larraburu Sandrine, Laplantine Chloé (dir.), Émile Beveniste : vers une poétique générale, Pau, PUPPA, coll. « linguistique et littérature », 2015.

[13] Bédouret-Larraburu Sandrine, Copy Christine (dir.), L'épilinguistique sous le voile littéraire : Antoine Culioli et la TO(P)E, Pau, PUPPA, coll. « linguiste et littérature », 2018.

[14] Le colloque sur Jakobson n’a pas encore eu lieu, mais le projet en cours de Sandrine Bédouret-Larraburu nous indique que Jakobson est le sujet du quatrième volume,

voir https://alter.univ-pau.fr/fr/_plugins/mypage/mypage/content/slarrabu.html

[15] Centre de recherche poétique et histoire littéraire.

[16]  « Le scintillement de l’épilinguistique », in L'épilinguistique sous le voile littéraire. Antoine Culioli et la to(p)e, Pau, PUPPA, 2018 ; « Émile Benveniste dans et au-delà de son temps », in Benveniste : vers une poétique générale, Pau, PUPPA, 2015; « Des poèmes à la poétique, de la poétique aux poèmes chez Henri Meschonnic », in Hugues Azérad,  Michael G Kelly, Nina Parish et Emma Wagstaff (dir.) Chantiers du  poème : Prémisses et pratiques de la création poétique moderne et contemporaine, Berne, Peter Lang éditions, 2013; « De la poésie aux poèmes : quel questionnement du poétique dans le secondaire ? »,  Le Français aujourd’hui n°169, 2010. Pour en savoir plus, voir https://hal-univ-pau.archives-ouvertes.fr/hal-02013245/document

[17] Poétique et politique de l’art, c’est un projet né en 2005 qui réunit des chercheurs qui se reconnaissent dans le questionnement des rapports entre art, langage et société.  À partir de l’année 2007, Polart crée un blog régulièrement mis à jour pour présenter ses dernières parutions : http://polartblog.blogspot.com/ .

[18] Abel Kouvouama, Gisèle Prignitz, Hervé Maupeu (dir.), Sorcellerie, pouvoirs, Pau, PUPPA, 2018 ; Christiane Albert, Abel Kouvouama, Gisèle Prignitz (dir.), Le statut de l’écrit, Pau, PUPPA, 2008 ; André Batiana, Gisèle Prignitz (dir.), Francophonies africaines, Rouen, Publications de l’Université de Rouen, 1998

[19]Henri Meschonnic, « Saussure ou la poétique interrompue », in Langages, n°159, 2005, p.17.

[20] Sémir Badir, « Qu’est-ce que la littérature ? », COnTEXTES, Note de lecture, 2013, disponible en ligne : http://journals.openedition.org/contextes/5607

[21] Martinez Pierre (dir.), Français langue seconde. Apprentissage et curriculum, Paris, Maisonneuve et Larose, 2002 ; Martinez Pierre (dir.), Dynamique des langues, plurilinguisme et francophonie en Asie de l’Est. La Corée, Paris, Riveneuve Éditions, Collection Actes Académiques, 2013 ; Martinez Pierre, Un regard sur l’enseignement des langues. Des sciences du langage aux NBIC, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2018.

[22] Chiss Jean-Louis, De la pédagogie du français à la didactique des langues : les disciplines, la linguistique et l'histoire, Palaiseau, Les Éditions de l’École polytechnique, coll. « Linguistique et didactique », 2016.

[23] Modard Daniel, « La didactique du français langue seconde/langue étrangère: entre idéologie et pragmatisme», Etudes de linguistique appliquee, 2004, nº 1, p. 27-32.

[24] Besse Henri, Méthodes et pratiques des manuels de langue, Paris, Didier, 1985 ; Germain Claude, Évolution de l’enseignement des langues : 5000 ans d’histoire, Paris, Clé international, coll. « Didactique des langues étrangères », 1993 ; Coste Daniel (dir.), Vingt ans dans l’évolution de la didactique des langues (1968-1988), Paris, Didier, coll. « Langues et apprentissage des langues », 1995 ; Porcher Louis, Le français langue étrangère : émergence et enseignement d’une discipline, Paris, Hachette éducation, coll. « Ressources formation. Enjeux du système éducatif », 1995.

[25] Galisson Robert, D’hier à aujourd’hui la didactique générale des langues étrangères : du structuralisme au fonctionnalisme, Paris, Clé International, 1980.

[26] « L’approche communicative », http://didactiquedlslt.weebly.com/lapproche-communicative.html, page consulté le 30 novembre, 2019.

[27]Blanchet Philippe, Rahal Safia Asselah, Moore Danièle, Perspectives pourune didactique des langues contextualisée, Archives contemporaines, 2008.

[28] Besse Henri, Galisson Robert, Polémique en Didactique : du renouveau en question, Paris, Clé international, 1980.

[29] Selon Pierre Martinez, le curriculum est la forme que prend l’action de rationalisation conduite par les décideurs pour faciliter l’expérience d’apprentissage auprès du plus grand nombre d’apprenants (p. 89).

[30] Robert Jean-Michel, « Stratégies d’enseignement et distance linguistique », Le français dans le monde, n°500, 2015, pp.54-55

[31] Par rapport à l’ouvrage de Louis Porcher Le français langue étrangère : émergence et enseignement d’une discipline (1995), la Didactique des langues étrangères de Pierre Martinez, paru dans la même période et en constante réédition, nous présente une vue plus cohérente et une analyse plus profonde de la DLE.

[32]L’enseignement et la recherche de la langue étrangère, l’Université des études internationales de Beijing, Beijing; La linguistique contemporaine, Académie chinoise des sciences sociales, Beijing; La recherche de la langue étrangère, l’Université de Heilongjiang, Harbin.

[33]Linguistique allemande et linguistique chinoise, Foreign language teaching and research press, Beijing, 2001; Les dix cours de l’histoire de la langue, Foreign language teaching and research press, Beijing, 2006; Histoire de la linguistique occidentale, Foreign language teaching and research press, Beijing, 2011.

[34]为一门同哲学一样古老的学科语言学首先需要一个合适的定义来确立它在科学界的学科地位以便我续的研究

[35] BloomfieldLeonard,Language,George Allen & Unwin Ltd., London, 1933.

[36] Saussure Ferdinand de, Cours de linguistique générale, Foreign language teaching and research press, Beijing, 2001; BloomfieldLeonard,Language,George Allen & Unwin Ltd., London, 1933; Sapir Edward, Language: An introduction to the study of speech,Foreign language teaching and research press, Beijing, 2002; Humboldt Wilhelm von, On the diversity of human language construction and its influence on the mental development of the human species, World publishing corporation, Beijing.

[37] Zhu Dexi, Cours de la grammaire, The commercial press, Beijing, 2002.

[38] Yang Zhaochun, La difference de langue et le mode de pensée, Intellectual property publishing house, Beijing, 2009.

[39] Berlin Brent, Kay Paul, Basic color terms: their universality and evolution, University of California press, Berkeley, 1969.

[40] Sapir Edward, Language: An introduction to the study of speech,Foreign language teaching and research press, Beijing, 2002.