Tout à coup, dans la nuit, le carreau montra une tache
发布时间: 2018-11-01 浏览次数: 208

Avant-propos :

A côté d’exercices d’écriture plus scolaires et académiques, le cours de production écrite du second semestre des étudiants de 3eme année laisse une petite place à des travaux d’écriture plus ludiques et créatifs.

Les étudiants se sont essayés à plusieurs types de contraintes créatives littéraires, ce qui a permis aussi d’aborder quelques mouvements littéraires ou écrivains francophones.

  

Pour aborder l’écriture d’un récit au passé, les étudiants devaient, à partir d’une simple phrase de départ, construire une narration au passé devant comporter une chute cohérente dans un texte court de 200 à 300 mots. Ils étaient libres d’utiliser différentes techniques littéraires pour écrire leur récit (narration à la première ou troisième personne, dialogues ou non, monologue intérieur, prolepses, analepses, etc).

  

Voici la phrase de départ imposée pour cet exercice :

« Tout à coup, dans la nuit, le carreau montra une tache ».

  

  

Et voilà quelques exemples des productions des étudiants.

  

  

  

Julien Guillemet

Lecteur de français, SISU, 2017-2018.

  


  

·Texte de LIU Yin Ji Wen (Christine)

  

Tout à coup, dans la nuit, le carreau montra une tache.

Petite Quina la vit. Elle eut tellement peur. « Mais pourquoi ? Pourquoi une tache sur ma fenêtre ? Pourquoi à cette heure ? Il est minuit ! »

Elle sortit de sa chambre et alla chercher Maman. Elle ouvrit la porte de la chambre de Maman. « Maman…. ». « Mais pourquoi tu n’es pas encore couchée ? » Elle se retourna, la regarda et fronça ses sourcils. « Ah…Il y a une tache sur ma fenêtre. » « Mais ça ne t’empêche pas de te coucher ! Tu as ta classe de piano demain matin, il faut se lever à sept heures. » En disant cette phrase, elle recommença à taper sur son ordinateur. Dans les yeux de Quina, cette scène ressemblait beaucoup à une procédure dans laquelle la machine-mère donne un ordre à une…machine-fille ? Elle ne comprenait pas.

Elle passa par la chambre de mamie. Mamie disait toujours : « J’aime ma petite fille qui a obtenu une bourse de première classe cette année. » C’était un modèle de phrase, on pouvait changer la proposition relative par « qui joue du piano à la perfection » ou « qui est la première dans la compétition de… ». Mais pourquoi toutes ces épithètes ?

Elle rentra dans sa chambre. De temps en temps, il lui semblait qu’elle était une tache sur le carreau, mais pas tout à fait. Elle était une tache qui ne devait pas ressembler à une tache. C’est seulement quand elle était une tache d’une forme de fleur, d’arc-en-ciel ou au moins d’un mignon lapin qu’elle avait la valeur de continuer son existence. Elle n’avait plus peur. Elle sentit une rage, un ridicule et un chagrin profond et enraciné monter en elle.

Petite Quina essaya d’essuyer la fenêtre avec un torchon. Elle décida que même si elle était une tache qui ne ressemble à rien, à rien de rien, quand elle était nettoyée, déblayée, essuyée, elle allait être une tache qui ressemblait le plus à elle-même.

  

(343 mots)

  

  

  


  

·Texte de XU Jia Yang (Jacques)

  

Tout à coup, dans la nuit, le carreau montra une tache.

« Qu’est-ce que c’est ? On dirait que c’est un signe des dieux ? » demanda le carreau numéro quarante-six.

« Oh là là. On dirait que vous êtes choisi par la destinée ! Vous seriez donc le carreau avec les pouvoirs spéciaux ! », commenta le carreau numéro cent-treize.

Le carreau X, avec cette tache inattendue était trop choqué pour parler. Il était un carreau assez normal, sans rien de spécial. Lui, avec d’autres carreaux, formaient un mur de fermeture dans le croiseur du premier Empire.

« Quelle surprise…c’est moi qui a été choisi selon la prophétie… »

« Soit vous tenez la triomphe de la Résistance, soit vous allez aider l’empereur à réussir. De toutes les façons, vous serez un héros… » déclara numéro treize avec jalousie.

« Oh… » dit le carreau X en tremblant, « Je suis…très content d’avoir une tâche si importante… »

« Je vous prie de vous calmer » dit le carreau M, l’ennemi de X depuis leur naissance. « Ne devrions-nous pas nous assurer d’où vient cette tache ? C’est peut-être un crachat d’un soldat ou une éclaboussure. »

Le couloir tomba dans le silence. Le carreau M lui rit au nez.

« Il a raison », commenta le carreau numéro trois. Nous sommes trop sensibles… »

« Nous sommes toujours sensibles depuis l’Embarquement de Monsieur Dark Vador. Je sens le danger depuis ce jour-là. »

« Alors on a besoin d’un héros, quelque carreau soit-il, il nous manque ! »

« Carreau X, carreau X ».

Les carreaux ne cessèrent pas d’hurler et de discuter, leur vie était trop simple et ennuyeuse.

Cinq secondes après, le carreau X, qui était resté calme, prit la parole : « Mes amis… » il déclara d’un ton anormal.

Mais tout à coup, quelque chose étincela, un miroitement vola brusquement vers le croiseur et frappa directement le carreau X. Le croiseur commença à trembler, l’alarme commença à hurler…c’était un obus de chasseur.

La tache était en fait un viseur d’arme d’un chasseur X-ring de la Résistance. Le carreau X était destiné par l’histoire à assister la guerre entre l’Empire et la Résistance.

Qu’est-ce qui se passera pour le carreau X alors ? On n’en sait rien. Que la Force soit avec lui.

  

(390 mots)

  

  

  

  


  

·Texte de LUO Mengyu (Maryline)

  

Tout à coup, dans la nuit, le carreau montra une tache.

La tache était profondément noire, avec une lumière dérobée l’entourant qui me rappelait ta cavité buccale. Dans l’ensemble, cette tache ronde sur le carreau glauque ressemblait plutôt à ton œil droit, un œil plus sombre et secret que celui des Chinois. Mais aussitôt après que cette inexplicable tache eut fait son apparition de nulle part, je me souvins de ta cavité buccale, une grotte dans la roche de laquelle personne n’est jamais revenu.

Ta grotte s’ouvrait à moi quand tu mangeais des spaghettis, faisais des ronds de fumée, criais, éclatais de rire après avoir pris de la drogue, et quand tu me couvrais de baisers. La tache grossit avec exubérance. Je m’assis sur mon lit et la regardais tranquillement, comme le rite que nous faisions toujours le jeudi, dans lequel on s’asseyait et fixait nos regards sur l’un l’autre. Tu pensais à quoi à ce moment-là ? A la cigarette roulée par ton grand-père ou à la poussière sur la couverture de la vieille Bible qui était placée sur le lit de ta maman morte ? A quoi pensais-tu à ce moment-là ?

La tache s’étendit follement, d’une manière agressive et passionnante, semblable à celle adoptée par la croisade pour conquérir le paganisme. Elle venait pour me conquérir. C’était toi.

Je redressai le dos, essayant de retrouver la régularité respiratoire. La tache devint un étang noirâtre et m’approchait. Tu saisissais toujours que je ne saisissais pas comment nager, mais rien ne t’empêche de m’approcher. L’étang s’amplifiait et devenait une mer menaçante et couleur d’encre, sous la surface de laquelle dansaient et chantaient les sirènes. Elles m’appelaient. Elles m’appelaient de ton nom et ton nom flottait au vent sous un ciel insignifiant et dans ma chambre à coucher, entre les quatre murs froids. Mes pieds s’imbibèrent d’eau glaciale, ensuite mes jambes, mon abdomen, ma nuque, ma bouche…Ma bouche était grande ouverte, peut-être juste comme ta mystérieuse glotte.

Je me plongeai dans ta mer. Je me noyai dans ton éternité.

  

(339 mots)

  


  

·Texte de ZHAO Tong (Tiffany)

  

Tout à coup, dans la nuit, le carreau montra une tache.

« Merde! Encore! Il tombe constamment de l'eau. J'en ai assez! », dit Hélène.

Elle, célibataire, travaillait dans un restaurant et ne gagnait pas grand-chose. Faute d'argent, elle avait loué un vieil appartement dans un quartier pas sûr. Chaque fois que son voisin du dessus faisait la cuisine, il y avait une fuite d'eau. Pour ne pas mécontenter ce monsieur, elle ne lui avait pas dit ce problème, mais ce jour-là, elle en eut marre.

Elle monta l'escalier, frappa à la porte, mais pas de réponse. Aussitôt qu’elle voulut partir, la porte s'ouvrit, et un gentleman impassible parut. Portant des lunettes à branches d'or et une chemise blanche, il avait l'air d'un homme cultivé.

« Bonsoir, monsieur. »

« Bonsoir, madame. Que me voulez-vous ? Entrez, je vous en prie. »

Hélène se promena à grands pas dans le salon où il y avait des meubles chers et un Picasso, et elle aperçut que ce monsieur n’avait pas fini son dîner : de la viande rôtie.

« Vous êtes riche, monsieur. Pourquoi vous voulez habiter ici? »

« Ah! Pas forcément, madame. J’étais médecin, mais j’ai été licencié. Prenez du thé, faites comme chez vous ! »

« Merci », Hélène but une gorgée du thé, « Il y a une fuite d'eau, faites-la vite réparer, je vous en prie. » La chaîne de télévision diffusait au même moment un reportage concernant la disparition de plusieurs jeunes filles dans ce quartier. « Vous les connaissez, ces filles ? »

« Certaines, oui. Elles habitaient ici. Dans votre studio, plus précisément. »

Ça commençait à sentir mauvais. Hélène voulait partir, mais elle ne pouvait pas. A cause du thé, la tête lui tournait.

« Désolé, mademoiselle. La viande n’est pas suffisante pour le rôti. »

  

(305 mots)

  

  


  

·Texte de ZHAO Yixin (Cécile)

  

Tout à coup, dans la nuit, le carreau montra une tache. Chloé s’approcha de la fenêtre. Il pleuvait dehors. Un éclair fendit le ciel et le tonnerre se mit à gronder quelques secondes plus tard. Chloé s’aperçut que la tache provenait de la lumière d’une lampe. La lampe dans sa chambre faisait une tache de lumière sur la fenêtre. Elle vit aussi son ombre sur le carreau. Chloé aperçut une silhouette derrière elle. Mais sa camarade de chambre était restée au lit et dormait encore.

La silhouette était celle d’une femme avec la figure creusée et palie. Elle avait les yeux cernés. Cette femme portait une robe blanche. Son corps fluet bossuait à peine la robe. Chloé était tellement tourmentée par la peur qu’elle tourna se brusquement et cassa avec imprudence un verre. Les éclats de verre piquèrent le pied de Chloé. Elle nettoya sa chambre en boitant. Après cela, elle banda la plaie du pied. Comme elle ne sentait plus fatiguée, Chloé s’assit sur son lit et commença à lire.

Le lendemain, Chloé se réveilla à cause de la douleur au pied. Mais elle ne se souvint plus comment elle s’était endormi. Chloé avait une inflammation au pied. Dans les jours suivants, Chloé souffrit beaucoup de la douleur et devint faible. Après la guérison, elle était devenue très maigre. Chloé décida de sortir pour prendre l’air frais. Après avoir fait sa toilette, elle s’aperçut que sa figure dans le miroir était creusée et palie. Et ses yeux étaient cernés. Avec sa robe blanche, elle était devenue la femme qu’elle avait vue sur la fenêtre.

  

(265 mots)


  

·Texte de PENG Zhen Zhuo (Aviva)

  

Tout à coup, dans la nuit, le carreau montra une tache.

Hamlet se redressa dans son lit brutalement, son visage dégoulinant de sueur. La tache l’approcha avec des pas lourds et s’arrêta à cinq mètres de lui. Un silence inquiétant enveloppa Hamlet. Il essaya de se calmer et arriva finalement à prononcer les premiers mots : « Une ressemblance effrayante! Vous avez bien le visage de mon père décédé, l’ancien roi du Danemark, dont la bravoure et la grandeur ne trouvent aucun équivalent. Qui êtes-vous et que faites-vous ici? »

A ces mots la tache manifesta un frisson léger et commença ses paroles d’un ton grave : « Vous êtes tous les dupes de ton oncle, Hamlet. Ay, je suis le fantôme de ton père que tout le monde prend pour la victime d’une vipère fatale. Mais cette vipère a sur la tête la couronne éclatante et dans ses bras la femme le plus captivante, ma femme ! Ay, quel inceste ! Que je suis avide d’une vengeance brulante ! »

Coup de tonnerre dans un ciel serein ! Hamlet faillit tomber d’un vertige violent : « Mon oncle ? Claudius ? Qu’est-ce que vous dites ? Il vous a assassiné ? C’est une terrible vérité, une vérité dont je n’ai jamais touché la surface ! Mais comment est-ce qu’il est arrivé à exécuter son complot ? »

Une tristesse pitoyable se traduisit sur le visage de la tache : « Quand je faisais une petite sieste l’autre jour, mon frère très cher a injecté dans mon oreille une petite dose de poison avant que je puisse réagir. D’un clin d’œil, j’ai tout perdu, ma femme, mon roi, toi...Ô horreur, Ô horreur. Il vous faut un peu d’audace pour empêcher ton dépravé indigne de toute la gloire de mon Danemark ! Agis, Hamlet ! L’aube va bientôt blanchir le monde et il est temps que je disparaisse. Adieu, adieu, adieu ! Souviens-toi de moi. » Le fantôme se perdit dans l’aurore.

Une grande larme coula du visage d’Hamlet. Dévasté, il leva une main frissonnante dans la faible lumière, des soupirs passant de temps en temps. Un mélange des émotions les plus délicates bourdonnaient dans son cœur, lui volant le sommeil et créant des hésitations à son esprit. C’est à ce moment-là, un moment où tout paraissait dénaturé, que notre prince noble sentit un très lourd fardeau imposé sur ses épaules. Les jours sans soucis passés avec les amis au Wittenberg adieu ! Ils ne reviendront jamais. Le destin du royaume palpitait dans sa paume humide comme un cœur abattu. Il jeta un dernier regard autour de la chambre et se dirigea, une rapière à la main, vers le hall du palais encore ensoleillé.

  

(453 mots)