Productions Ecrites Cours Lecture 2e Année Semestre 1 Analyse Adaptation
发布时间: 2019-05-16 浏览次数: 618


  

Avant-propos :

  

Le cours de lecture avec les étudiants de 2e année au long du premier semestre universitaire a aussi été l’occasion d’introduire l’analyse de l’image et l’adaptation cinématographique au travers de la lecture de la célèbre scène de « La Pistolétade » du roman Vipère au poing (1948) d’André Bazin (1911-1996).

Après un travail minutieux sur le texte et une initiation à la mise en scène cinématographique, les étudiants ont dû comparer deux adaptations cinématographiques différentes de cette scène : dans le film de Pierre Cardinal de 1971 et dans celui de Philippe de Broca en 2004.

  

  

·Voici l’extrait étudié de Vipère au poing (1948) :

  

« La Pistolétade »

Et lapistolétade? Tu sais, Folcoche, la pistolétade !

— Moi, je l'aipistolétéependant quatre minutes ! se vantait Frédie.

Pauvre chiffe ! Petit prétentieux à paupières faibles ! Si quelqu'un t'a pistolétée, c'est bien moi, je m'en vante. Tu t'en rappelles ? Pardon ! Tu te le rappelles ?... Tu dis toujours :

— Je n'aime pas les regards faux. Regardez-moi dans les yeux. Je saurai ce que vous pensez.

Ainsi tu t'es toi-même prêtée à notre jeu. Tu ne pouvais pas ne plus t'y prêter. Et puis, ça ne te déplaît pas, ma tendre mère ! Au dîner, en silence, voilà le bon moment. Rien à dire. Tu ne me prendras pas en défaut. J'ai les mains sur la table. Mon dos n'offense pas la chaise. Je suis terriblement correct. Aucune faille légale dans mon attitude. Je peux te regarder fixement. Folcoche, c'est mon droit. Je te fixe donc, je te fixe éperdument. Je ne fais que cela de te fixer. Et je te parle en moi. Je te parle et tu ne m'entends pas. Je te dis :  Folcoche ! regarde-moi donc ,  Folcoche, je te cause !  Alors ton regard se lève de dessus des nouilles à l'eau, ton regard se lève comme une vipère et se balance, indécis, cherchant l'endroit faible qui n'existe pas. Non, tu ne mordras pas, Folcoche ! Les vipères, ça me connaît. Je m'en fous, des vipères. Tu as dit toi-même, un jour, devant moi, que, tout enfant, j'en avais étranglé une...  Une faute impardonnable de ma belle-mère, sifflais-tu, un manque inouï de surveillance ! Cet enfant a été l'objet d'une grande grâce !  Et, ce disant, le ton de ta voix reprochait cette grâce au ciel.

Mais ton regard est entré dans le mien et ton jeu est entré dans mon jeu. Toujours en silence, toujours infiniment correct comme il convient, je te provoque avec une grande satisfaction. Je te cause, Folcoche, m'entends-tu ? Oui, tu m'entends. Alorsje vais te dire :  T'es moche ! Tu as les cheveux secs, le menton mal foutu, les oreilles trop grandes. T'es moche, ma mère. Et si tu savais comme je ne t'aime pas ! Je te le dis avec la même sincérité que le  va, je ne te hais point  de Chimène, dont nous étudions en ce moment le cornélien caractère. Moi, je ne t'aime pas. Je pourrais te dire que je te hais, mais ça serait moins fort. Oh ! tu peux durcir ton vert de prunelle, ton vert-de-gris de poison de regard. Moi, je ne baisserai pas les yeux. D'abord, parce que ça t'emmerde. Ensuite, parce que Chiffe me regarde avec admiration, lui qui sait que je tente de battre le record des sept minutes vingt-trois secondes que j'ai établi l'autre jour et qu'il est en train de contrôler sans en avoir l'air sur la montre-bracelet de ton propre poignet. Je te pistolète à mort, aujourd'hui. Ce faux-jeton de Cropette me regarde aussi : il est bon qu'il sache que je ne le crains pas. Il est bon qu'il ait peur, lui, qu'il réfléchisse aux inconvénients auxquels il s'expose. Je commence à bien lui pincer les fesses quand c'est nécessaire et je serai bientôt assez fort pour lui casser sa sale petite gueule, comme dit Petit-Jean Barbelivien qui ne l'aime pas, car personne, pas même toi qui t'en sers, personne vraiment ne l'aime. Tu vois, Folcoche, que j'ai mille raisons de tenir le coup, la paupière haute et ne daignant même pas ciller. Tu vois que je suis toujours en face de toi, mon regard tendu vers ta vipère de regard à toi, tendu comme une main et serrant, serrant tout doucement, serrant jusqu'à ce qu'elle en crève. Hélas ! pure illusion d'optique. Façon de parler. Tu ne crèveras pas. Tu siffleras encore. Mais ça ne fait rien. Frédie, par de minuscules coups d'ongle sur la table, vient de m'annoncer que j'ai battu le record, que j'ai tenu plus de huit minutes la pistolétade.

Huit minutes, Folcoche ! et je continue... Ah ! Folcoche de mon cœur ! Par les yeux, je te crache au nez. Je te crache au front, je te crache...

— Frédie ! Tu as fini de faire l'imbécile avec tes ongles.

C'est fini ! Tu es vaincue. Tu as trouvé le prétexte pour te détourner.

  

·Voici les liens vers les deux adaptations cinématographiques :

oPierre Cardinal, Vipère au poing, 1971 : https://v.youku.com/v_show/id_XNDA4MzUwMTM4OA==.html?spm=a2h3j.8428770.3416059.1

oPhilippe de Broca, Vipère au poing, 2004 : https://v.youku.com/v_show/id_XNDA4MzUwMzE1Mg==.html?spm=a2h3j.8428770.3416059.1

  

Les étudiants devaient tout d’abord remplir un tableau comparatif des deux adaptations, avant de rédiger un texte construit de 180 mots environ dont voici l’énoncé :

« Quelle est votre adaptation préférée de cette scène de « La pistolétade » du livre Vipère au poing de Bazin ? Pourquoi ? Répondez d’une manière argumentée et personnelle en vous basant sur le travail de comparaison entre les deux adaptations. Vous pouvez aussi préciser quelle adaptation vous semble la plus réussie par rapport au texte original dans le livre. »

  

  

·Voici le tableau comparatif vierge :

  

  

Film de P. Cardinal, 1971

Film de P. de Broca, 2004

Personnages

  

  

  

Situation, actions, décor

  

  

  

Angles   de prise de vue

  

  

  

Mouvements   de la caméra

  

  

  

Plans   

  

  

Lumières,   éclairage

  

  

Sons   (dialogue, voix-off, sons, bruitages, musique)

  

  

Comment   pouvez-vous caractériser l’atmosphère particulière créée par l’adaptation   cinématographique ?

  

  

  

  

  

-Plus bas vous trouverez quelques exemples des textes des étudiants.

  

  

  

Julien Guillemet

Lecteur de français, SISU, 2018-2019.

  


  

·Production de TANG Jia Rong (Vincent)

  

Je préfère l’adaptation de Philippe de Broca.

Tout d’abord, je dois admettre que la version de Pierre Cardinal me semble la plus réussie par rapport au texte original dans le livre. En effet, elle modifie à peine les lignes du texte original et elle montre même les coups d’ongles de Frédie. Au contraire, l’autre version a changé le texte et beaucoup d’actions des personnages. Par exemple, Folcoche parle à son mari au début. Et puis, il y a aussi un fragment qui filme le souvenir ou la pensée de Jean qui n’existe pas dans le texte original.

Mais à mon avis, la situation montrée par la version de 2004 est plus naturelle. Le réalisateur a d’abord utilisé un mouvement de caméra en travelling latéral droite-gauche puis circulaire gauche-droite pour nous introduire dans l’histoire qui commence par la conversation des parents. Au bout d’un moment, l’attention de Folcoche est attirée par Jean. Dans la version de Cardinal, ils se regardent dès le début avec les pensées de Jean en voix off. De plus, la caméra est toujours fixe mais le réalisateur utilise de nombreux zooms-arrières que je trouve asses monotones. Enfin, l’atmosphère créée par cette adaptation me semble un peu bizarre et c’est pourquoi je ne l’aime pas trop.

  

  

  

·Production de HUANG Huixian (Eva)

  

Mon adaptation préférée de cette scène de « La Pistolétade » du livre Vipère au poing de Bazin, c’est l’adaptation de 1971.

Tout d’abord, l’adaptation de 1971 est plus réussie par rapport au texte original dans le livre. C’est une chose très importante pour une adaptation. Le regard de Folcoche qui se lève comme une vipère est vivement exprimé par le maquillage et le très gros plan de ses yeux. Les enfants parlent avec prudence alors que Folcoche parle d’une voix grave, presque en colère, ce qui crée une atmosphère très intense. Mais dans l’adaptation en 2004, le sentiment exprimé par l’image est affaibli. Les yeux expressifs de l’actrice qui joue Folcoche sont plus faibles que ceux de l’actrice dans l’adaptation de 1971. La scène dans laquelle ils se regardent n’est pas bien exploitée dans cette adaptation.

De plus, je préfère l’adaptation de 1971 parce que qu’elle gère très bien les sons. Le narrateur parle à un très bon niveau de vitesse et de son. Quelquefois le son est élevé, quelquefois le son est faible, donc l’audience peut apprécier les changements émotionnels de Jean Rezeau. Mais dans l’adaptation de 2004, la narration et le dialogue se déroulent en même temps et parfois la voix de narration est obscurcie par le dialogue, ce qui affaiblit beaucoup l’expressivité des émotions et de l’atmosphère. Enfin, il n’y a pas de changement perceptible dans le ton du discours du personnage.

En un mot, je préfère l’adaptation de 1971 parce qu’elle a une très bonne expressivité de la scène.

  

  

  

·Production de ZHANG Lengyi (Charlène)

  

Je préfère l’adaptation de cette scène en 2004.

D’abord, il y a beaucoup de dialogues en plus que la voix de fond du monologue intérieur dans cette adaptation, ce qui rend l’atmosphère plus naturelle. Mais dans l’adaptation de 1971, le monologue intérieur est dominant, et il n’y a pas de dialogue.

Et puis, je veux parler de l’action. Quand les personnages se regardent dans l’adaptation de 1971, ils ne font rien d’autre. Ils sont seulement assis bien droits et se regardent. C’est très bizarre ! Je crois que le film veut souligner la bataille de regard mais c’est trop intense pour moi. L’adaptation de 2004 est plus naturelle et normale. En plus, il y a un flash-back dans l’adaptation de 2004, ce qui peut montrer au public de manière plus intuitive ce qui s’est passé et la couleur de l’image est également différente. Le changement de couleur de l’image divise clairement le souvenir et la réalité.

Et en fait, le facteur décisif qui me fait préférer l’adaptation de 2004 c’est l’expression faciale. Dans le film de 1971, on peut voir les expressions faciales des deux protagonistes en gros plans ou en très gros plans, ce qui les valorise. Mais ces expressions de visage ne changent jamais. Les personnages sont toujours sans expression, sans changement. Au contraire, il y a beaucoup de changements dans l’adaptation de 2004. Par exemple, quand Jean regarde sa mère, il lève les sourcils, ouvre de grands yeux ou fait la moue, etc, ce qui rend son émotions plus figurée et aussi rend le rôle plus expressif. Cela m’intéresse le plus.

C’est pourquoi je préfère l’adaptation de 2004 mais celle de 1971 a aussi ses propres avantages que je n’ai pas exprimés ici.

  

  

  

  

·Production de NI Hao (Daniela)

  

Entre ces deux adaptations, je préfère celle de Broca. En fait, par rapport au texte original, c’est absolument celle de 1971 qui est plus réussie car elle suit de près les détails du texte.

D’après moi, dans la première adaptation, le personnage de Brasse-Bouillon est plus révolté. Le réalisateur a bien utilisé les gros plan pour valoriser son regard « tendu » mais très ferme et déterminé. Le réalisateur zoome de façons répétées sur le regard de Folcoche puis sur celui de Brasse-Bouillon. Avec la lumière un peu sombre et qui vient du haut, le visage de Folcoche est à moitié dans l’ombre. Avec le maquillage, tout cela a enlaidi le personnage de Folcoche. Au lieu d’insister sur le regard fixé qui rend la haine de Brasse-Bouillon très forte et plus profonde, l’adaptation de 2004 fait plus attention aux expressions de visage et aux petits mouvements des acteurs pendant la pistolétade. Donc, le réalisateur a beaucoup utilisé le plan rapproché. On voit bien que dans l’adaptation de 2004 Brasse-Bouillon n’est pas assis en face de Folcoche. Donc s’il leur faut se regarder fixement dans les yeux, il faut qu’ils se tournent un peu. Et Brasse-bouillon, avec son menton un peu levé paraît plus provocant et aussi un peu plus gamin.

Par ailleurs, le réalisateur a ajouté une scène de souvenir dans l’adaptation de 2004 où toute la scène a été jaunie sans aucun dialogue, avec seulement la musique d’ambiance bizarre. Cela, et avec tous les détails ajoutés ont rendu l’atmosphère plus vivante et moins tendue que celle du film précèdent. Dans le film de 2004 la pistolétade dure 2 minutes et 20 secondes avec le père qui parle en voix-in.

Je pense que l’atmosphère de la scène de 2004 m’attire plus car elle ressemble plus à notre vie. La haine et les émotions des personnages sont un peu trop fortes pour moi dans le film de 1971. Peut-être que la relation anormale entre l’auteur et sa mère est plus comme celle représentée dans l’adaptation de 1971 mais je préfère celle de 2004 qui a reproduit une scène quotidienne d’une famille d’une manière plus naturelle.

  

  

  

  

  

·Production de CONG Zuer (Charlotte)

  

Je préfère l’adaptation du film de P. Cardinal en 1971 et je la choisis pour trois raisons.

Tout d’abord, cette adaptation est bien focalisée sur les gestes et les regards des protagonistes. Par exemple, le réalisateur filme très près du personnage de Jean pour accentuer le fait que son dos ne touche pas la chaise et qu’il a les mains sur la table. Le film accentue également la scène de la bataille de regards fixes entre Folcoche et Jean. Mais dans l’adaptation du film de P. de Broca en 2004, je ne peux pas sentir l’aversion que Jean a pour sa mère et la lutte entre lui et sa mère parce qu’il n’y a pas beaucoup de gros plans pour montrer les gestes. Donc j’aime mieux l’adaptation de 1971.

Ensuite, la narration de cette adaptation a tendance à se conformer au texte original dans la livre. Dans le texte, c’est toujours le monologue de Jean et il parle tout le temps dans sa tête. Et dans cette adaptation le film suit cette méthode narrative. Grâce à cette méthode, je suis polarisée sur les sentiments intérieurs de Jean. Mais le réalisateur de l’adaptation de 2004 ajoute quelques dialogues entre les parents de Jean. Cela me rend un peu distraite et je ne peux pas me focaliser sur le discours de Jean.

Pour finir, j’adore l’atmosphère créée par cette adaptation. Puisqu’il n’y a pas beaucoup de sons, comme la musique de fond, la scène conserve une atmosphère très sérieuse et tendue. En plus, les couleurs dominantes dans cette scène sont le gris et le vert, des couleurs froides. Donc elles peuvent créer une atmosphère sombre. Je pense que cette adaptation est donc plus réussie.